Jerris

La ville de Jerris se trouve à 38 jours de marche ou 23 jours de cheval
de Throal. Elle occupe une place particulière dans la géographie physique
et spirituelle de Barsaive. Située à l’extrême ouest de la province,
la ville se niche entre la grande Désolation qui coupe Barsaive du reste du
monde et une immense jungle inexplorée. La ville est tellement entourée
de terres inconnues que nombre de gens se demandent si elle marque la
frontière avec les territoires occupés par les Horreurs ou si elle en fait
partie.
Une sombre fumée qui souffle de la Désolation tournoie en permanence
dans les rues de Jerris, de sorte que le soleil brille rarement sur ses
habitants. Cette fumée ressemble à de la cendre mais personne n’a encore
découvert quelle est sa véritable nature. Les gens qui visitent Jerris et
parcourent ses rues assombries ont rapidement un goût étrange dans leur
bouche, comme s’ils avaient mangé des braises.

Les habitants de Jerris sont des gens maussades et capricieux. Les
rues de Jerris grouillent généralement de monde, comme dans toute
autre ville, mais contrairement aux foules des autres cités, celles de
Jerris marchent en silence, le regard rivé au sol. Cette habitude semble
contaminer tous ceux qui passent trop de temps en ville. Un sentiment
d’apathie pèse sur la population, mais ne vous y trompez pas, aussi
fatigués que les Jerrissiens puissent paraître, ils s’enflamment très
facilement. Les larmes coulent à flots, que ce soit de peine ou de joie.
Les lames jaillissent des fourreaux et le sang gicle facilement, que ce
soit par amour ou pour l’argent. Mais étrangement, ces débordements
de passion ne suscitent pas le moindre intérêt chez les témoins de ces
évènements.

En Barsaive, tout le monde dit que d’étranges créatures, peut‑être
des Horreurs, rôdent dans les rues de la ville, la nuit, à l’insu des habitants
de Jerris, qui ne peuvent pas les voir pour d’obscures raisons.
D’étranges incidents viennent corroborer ces histoires. Certaines disent
par exemple que chaque semaine, dix personnes disparaissent dans la
nuit. Bien que ce chiffre soit certainement exagéré (la ville serait bien
vite vide si tel était le cas), ces éléments semblent reposer sur un fond
de vérité : car des gens disparaissent bel et bien à Jerris. Un autre mystère
survit en ville, et ressurgit en rares occasions quand l’on retrouve
quelqu’un assassiné dans son lit, déchiqueté par ce qui pourrait être des
dagues acérées… ou des griffes.
Pourquoi les gens vivent-ils à Jerris s’ils doivent affronter de telles
misères ? C’est simple : pour l’argent. Malgré son aspect sale et sinistre,
la ville abrite de riches marchands et armateurs de navires du ciel.
Bien que Jerris se trouve loin des principales routes commerciales de
Barsaive, elle transporte nombre de marchandises à travers toute la
province. De forts courants aériens passent au-dessus de la ville, et
ses navires marchands peuvent donc rejoindre rapidement les routes
commerciales, ce qui permet aux marchands de Jerris de louer leurs
services de convoyeurs aussi bien aux t’skrangs qu’au royaume de
Throal. Les armateurs vendent aussi des drakkars aux villes et marchands
de toute la province. Jerris tire également de grands bénéfices
de l’exploitation de l’air élémentaire.
Mais ce commerce f lorissant ne plait pas à tout le monde. Les
maisons marchandes tentent d’empêcher les armateurs de vendre des
drakkars en dehors de la ville, car ils craignent (à juste titre) que, si les
navires du ciel deviennent une denrée trop commune à Barsaive, plus
personne ne louera leurs services de convoyeurs. Les opérations d’extraction
d’air élémentaire de la ville sont constamment menacées par les
pirates du cristal et les Thérans (ces derniers étant les plus dangereux
des deux). Au lieu de se contenter de piller la marchandise, les Thérans
essayent d’abattre les nouveaux navires du ciel dès qu’ils prennent leur
envol, pour tenter d’empêcher Barsaive de se défendre contre l’armada
thérane ou de l’attaquer. Avant d’envoyer le Triomphe, les Thérans ont
lancé plusieurs attaques aériennes sur Jerris, et la ville a riposté en instaurant
une taxe sur les citoyens pour financer la construction d’une
flotte destinée à protéger la ville.
La ville compte 80 000 habitants.